Je me présente. J'ai écrit plusieurs billets, j'ai tenu un autre blog avant, mais en introduction de ce billet, je me sens obligé de me présenter. Je suis un homme blanc, cis, très proche de la quarantaine (l'âge pas la manière d'être confiné), habitant le centre de Paris.
Pourquoi ce préambule à présent ? Car malgré mon privilège blanc (volontairement sans guillemets), masculin, hétéro je suis choqué par l'actualité.
Ce lieu, ce blog, a été mon moyen d'expression de mon quotidien durant le confinement et les prémices du retour à la normale. Le retour à la normale n'est toujours pas d'actualité mais pour ceux qui suivent ces billets, la crèche et les bars/restaurants ont rouverts, ça correspond à des signes majeurs de retour à la normale. Pourtant aujourd'hui est arrivé par une singulière concomitance des articles accablants contre les violences policières majoritairement intervenues durant le confinement (même si on sent que c'est un malheureux hasard). Les Jours ont commencé une nouvelle obsession (une nouvelle série dans leur langue). Le premier épisode est accablant et ne donne pas envie de lire la suite, surtout si on vit bien dans un monde avec des œillères. Trois citoyens sont suivis.
Le premier, Malo, un enfant de 14 ans qui sort de sa barre HLM pour retrouver son camarade de collège. Il explique qu'à la vue des flics :
« Je ne sais pas pourquoi j’ai couru, je pense que j’ai eu peur de me
prendre une amende parce que nous étions deux, je crois qu’on n’avait
pas le droit de se retrouver. Je ne voulais pas rentrer à la maison avec
une contravention. »
A cause de cette course, l'enfant (14 ans je le rappelle) a reçu : "une droite sur l’arcade gauche", "une énorme baffe sur la joue gauche", "Le policier m’écrasait le dos avec un genou et me faisait une clé de bras", des baffes pour ne pas avoir déverrouillé son téléphone... Enfin, ces racistes (ne les appelont pas par leur fonction par égard à ce qu'ils devraient représentaient), se rendent compte qu'ils ont à faire à un gamin de 14 ans. Leur réaction pleine d'excuse : "Si je te revois traîner, tu es mort ! Tu m’as bien compris ?"
Seconde personne, Ramatoulaye, sort faire des courses durant le confinement. Elle entendra ces propos : « Ferme ta gueule ! », « sale pute ! », « petite merde ! », « sale pétasse ! ». Ramatoulaye recevra des coups de Taser pour avoir osé faire des courses en période de confinement. Au final, elle sera emmenée au commissariat et mise en cellule durant une heure avec un vieil homme sous prétexte que "Tiens, rentre là-dedans choper le coronavirus." A l'heure de la publication de l'article, elle doit se contenter de ceci :
"Trois mois plus tard, la jeune femme ne comprend toujours pas pourquoi
elle a été frappée, humiliée et placée en cellule. Elle s’en veut
d’avoir fait une pause, de s’être arrêtée à la hauteur d’un fourgon de
police. Son petit frère est traumatisé, confus : « Pour lui, les policiers, c’étaient des gentils. Maintenant, ce sont des méchants. » Elle espère qu’un procès lui permettra d’obtenir des réponses, d’être reconnue en tant que victime, d’obtenir justice."
Troisième cas, Madame Diallo. On est loin du confinement puisque l'histoire se déroule en 2015. Sans plus de raison valable : "un fourgon de police passe, s’arrête, les agents alignent les gamins face au mur, les fouillent et contrôlent leur identité." Son fils sera embarqué au commissariat alors que Madame Diallo propose aux agents de police racistes d'aller chercher les papiers d'identité du jeune homme restés dans son logement. Le fils de madame Diallo sera tout de même embarqué au commissariat. Ce "simple" contrôle d'identité n'attendra pas le retour de la mère. Au commissariat, cette femme se battera pour faire sortir son fils interpellé sans raison. Une fois sorti, son fils sera victime de représailles de la part des flics, tels de vulgaires voyous :
"« Je n’entends pas ce qu’il se passe mais je vois les policiers contrôler mon fils et lui écraser la tête contre le mur. » Le jeune de 16 ans se débat, il est mis au sol, menotté et frappé par cinq gardiens de la paix."
Ces témoignages sont des témoignages de violences policières où ni la police, ni l'IGPN n'a donné suite pour le moment. Hasard du calendrier, le site StreetPress publie également un résumé des actes racistes commis envers 39 personnes dans la ville d'Argenteuil. Dans ce récit, on retrouve les mêmes gestes : baffes, obligation (non légale) de déverrouiller le téléphone, violence supplémentaires car le téléphone déverrouillé n'amène à rien (logique...). On y comprend, comme dans "Faites entrer l'accusé", que le "gang à la Skoda noire" n'est que la "Brigade Anti Criminelle"...
N'en déplaise au ministre de l'Intérieur, les violences policières existent, verbalement, physiquement ou psychologiquement (je n'arrive pas à imaginer l'état d'un enfant de 14 ans à qui des policiers diraient "Si je te revois traîner, tu es mort !"). Étrangement, aucun autre ministre ne défend ses employés autant que le Ministre de l'Intérieur. Par exemple, dans l'Education Nationale et dans l'Enseignement Supérieur, ce sera "l'intérêt" de l'enfant, la compétitivité et l'autonomie des établissements qui seront protégés, au détriment des femmes et des hommes qui travaillent. A l'Intérieur, c'est l'inverse. Peu importe le fonctionnement raciste, sexiste, homophobe, l'important est de protéger les employés a contrario des autres ministères qui chercheront à mettre en avant leur public pour leurs réformes contestées (en décrypté : on ne touche pas au racisme institutionnalisé dans la Police mais on le combat à l'école).
Pour rassurer les aveugles qui ne veulent pas voir, oui ces comportements se produisent partout et tout le temps. Ce n'est pas l'apanage du ministre Castaner, ni de la France. En revanche, il est inadmissible qu'un ministre continue de cautionner ces actes. Il est inconcevable qu'il puisse exister une "police des polices" qui n'est rien à redire à ces témoignages. Il est hallucinant que des gens continuent à dire que certains délinquants sont morts à juste titre uniquement parce qu'ils avaient enfreint la loi. A tous ces gens, je leur propose de penser à leurs enfants, neveux et nièces, et toutes autres progénitures, afin de voir s'ils accepteraient tant de violence pour un geste hos la loi, aussi dangereux, aussi impliquant soit-il.
Je suis fier de l'abolition de la peine de mort prononcée par la Justice, ce n'est pas pour devoir subir par des personnes (représentant la justice ou l'ordre) un droit de punir par la mort ou par la violence tout délinquant pris sur le fait.
En attendant une prise de conscience des différentes directions nationales et régionales, il est difficile de conclure ce billet par 4 autres lettres que ACAB. Certes "Not all men", donc "Not all cops" mais si cette assertion déplait, alors agissez plutôt que de fermer les yeux.