Je viens de finir une semaine assez étrange. C'était la semaine de reprise après une semaine de vacances. Ce devait être une petite semaine grâce au pont de l'ascension. Au final, ce fut une semaine difficile. Une légère contusion musculaire m'a bloqué le haut du dos mardi et j'ai eu le droit à une "deuxième vague" le vendredi. Au revoir footings et balades en forêt, bienvenu à l'arrêt forcé tout en essayant de ne pas rester immobile. Cette douleur ne permet même pas de bien me reposer. Le pire c'est que j'ai l'impression d'avoir réussi à me bloquer le haut du dos les deux fois en écrivant un billet de blog... Un journal de confinement dangereux pour la santé, qui l'eut cru ?
Pendant que je me rétablissais à coup de chaufferette, de douches chaudes et de massage, je suis tombé sur un tweet merveilleux de mon ministre de l'Intérieur préféré. L'homme, surement un peu à cran en attendant la réouverture des boites de nuit, a réagi vivement à une interview de Camélia Jordana dans l'émission "On n'est pas couché". Samedi soir, l'actrice et chanteuse évoquait les violences policières : "Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité
face à un flic, et j'en fais partie. Aujourd'hui j'ai les cheveux
défrisés, quand j'ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité
face à un flic en France. Vraiment. Vraiment". C'est sur cette citation que Christophe Castaner réagit en disant que ce sont des propos mensongers !
Tout d'abord cher ministre, un ressenti ne peut pas être mensonger ou du moins ne peux pas être qualifié comme tel par une tierce personne, tout ministre fut elle. La réaction était attendue (et ne s'est pas fait attendre) de la part des community managers des syndicats de police. Ils nous montrent régulièrement l'étendue de leurs bêtises dans leurs commentaires sur Twitter. On aurait pu s'attendre à un peu plus de retenue de la part d'un ministre, mais pas de ce ministre qui a toujours nié l'existence des violences policières...
En octobre 2019, il n'était pas choqué en tant que ministre devant les images d'un policier aspergeant de gaz lacrymo le visage d'un pompier manifestant.
En août 2019, il défendait, voire même décorait, le probable assassin de Zineb Redouane (ou un de ses complices) en disant "qu’on n’accuse pas la police d’avoir tué quelqu’un, qu’on ne la traite pas d’avoir assassiné quelqu’un, ça n’est pas le cas".
Toujours en 2019, alors qu'on lui montrait un policier en train de matraquer la tête d'un gilet jaune, il commentait la scène ainsi : "Il n'y a pas d'image de violence policière, il y a une scène où un
policier dans l'action, au moment d'une charge, a effectivement poussé
quelqu'un".
C'est aussi ce ministre qui disait sur France Inter : "Arrêtons de parler des violences policières (...) Je ne connais pas de policiers qui attaquent les manifestants" !
Pourtant il n'y a rien de nouveau sur le fait qu'en banlieue les gens ont peur de la police. Sans vouloir faire un rappel des nombreuses bavures et violences volontaires exercées par les forces de l'ordre, on a aussi des traces dans la culture populaire (avec un peu de chance ça parlera un peu mieux à ce gouvernement qui écoute Bigard pour prendre des décisions). Dans La Haine, un flic dit "La majorité des flics dans la rue, ils sont pas là pour vous taper, ils sont là pour vous protéger !" mais un jeune lui répondait déjà : "Ah ouais, et qui nous protège de vous ?".
Plus léger, Jamel évoque aussi cette peur dans son sketch pourquoi tu cours : "Mais pourquoi tu cours? Parce que tu cours. Mais j'cours parce que tu cours! On a qu'à arrêter de courir, alors. Moi, j'ai pas confiance".
La nouveauté vient peut-être que cette crainte s'est propagée dans le reste de la population. Il n'y a presque plus une manifestation sans son lot de violence gratuite de la part de la police. Le large emploi du gaz lacrymo à tout bout de champs (sur des manifestants calmement assis sur un pont, sur des manifestant d'EDF lors d'une manifestation on ne peut plus calme et peu peuplée, etc.), les emplois injustifiés des lanceurs de balles, les constitutions de nasses, les poursuites au sein des hôpitaux et d'autres méthodes ont fait que tout manifestant a aujourd'hui peur de la police lorsqu'il se rend à un rassemblement.
Dans la vie quotidienne, s'il n'y avait pas de problèmes de contrôles au faciès (comme s'en plaint Camelia Jordana), il n'y aurait pas tant de demandes pour la mise en place d'un récépissé, demande formulée également par le Défenseur des droits. Camelia Jordana est tellement dans le mensonge que même la Cour de cassation a confirmé la condamnation de l'Etat pour des contrôles au faciès. La Ligue des Droits de l'Homme a encore déposé une plainte contre le racisme des policiers il y a un mois. La liste de ses communiqués sur le sujet est impressionnante, avec par exemple (et uniquement en 2020) :
- celui contre la violence des contrôles durant le confinement,
- celui contre l'emploi des différentes grenades,
- celui contre le placage ventral (technique fatale pour Adama Traoré, Mohamed Boukrourou, Mohamed Saoud, Lamine Dieng, Abdelhakim Ajimi et Cédric Chouviat).
Non monsieur le ministre de l'Intérieur, il n'est pas mensonger de dire que votre police est violente. Oui elle l'était avant que vous arriviez et elle risque fort de continuer à l'être, surtout si vous et vos successeurs continuez à vous confiner dans votre aveuglement. Il n'est donc pas mensonger et encore moins anormal d'avoir peur de la police.
Quand on voit les trafics et incivilités qui sont le lot des banlieues où la vie est pourrie par des bandes de mafieux, alors que tu remarques toi-même "qu'en banlieue les gens ont peur de la police", qu'est-ce que ça serait si les gens n'avaient pas peur de la police ?
RépondreSupprimerSi la police ne fait pas peur aux bonnes personnes, peut être que leurs méthodes ou leurs stratégies sont à revoir...
SupprimerLa police ne fait pas peur aux gens honnêtes..
RépondreSupprimer