Les journées de confinement avec Grande Fille, 2 ans 6 mois et 2 jours au compteur, sont une expérience incroyable. Ce n'est pas de tout repos, loin de là. Ce n'est pas tout le temps que du bonheur même si ce n'est pas le bagne non plus. C'est en revanche un moment incroyable, que je n'aurais du voir qu'en partie si je n'étais là qu'en soirée et les week-ends comme l'aurait voulu mon emploi du temps professionnel. En étant 24 heures sur 24 avec Grande Fille, j'assiste en direct et sans coupure à la construction de son propre monde.
Propre monde est un grand mot puisqu'elle est à l'âge de l'apprentissage de la propreté. Que de gestes à apprendre, des habitudes à construire ! Comment expliquer qu'on peut exprimer une envie de pisser ou de chier avant que ça n'arrive sur le tapis ou sur le canapé ? Je ne le saurais le dire et pourtant ça avance. Certes la housse du canapé est lavée presque tous les jours mais le pot se remplit régulièrement, à la plus grande fierté de Grande Fille et à notre plus grande joie (et réciproquement).
Grande fille est en pleine construction de son monde. Pour cela il y a les mots, qu'elle manie déjà très bien pour nous signifier ce qu'elle veut ou ce qu'elle ne veut pas (le "pas me parler Papa !" quand elle n'accepte pas une remarque est bluffant). Mais il y a aussi les interactions. Comment susciter l'attention sans devoir pleurer toute l'eau de son corps ? Comment provoquer une discussion avec son père ou sa mère ? Grande Fille vient de trouver une technique imparable, le questionnement. Ce matin la lecture de l'histoire du baudet du Poitou a pris près de 45 minutes. Il y a la construction de son vocabulaire : "C'est quoi fâché ?", "C'est quoi cabanon ?", "C'est quoi flocon ?", "C'est quoi courage ?", etc. Il y a aussi une certaine curiosité sur la vie des personnages : pourquoi le petit cochon qui était dessiné en page 4-5 n'est plus présent en page 6-7 ? Il est parti où ? Que fait-il ?
Le plus impressionnant est la construction de sa mémoire. A force de lire les mêmes histoires tout au long de la journée (vivement la réouverture des bibliothèques au passage), elle est capable de les répéter de tête, en tournant les pages au fil de l'histoire. On pourrait presque se laisser tromper sur sa capacité à lire. Cette mémoire n'aide pas à accélérer la lecture des histoires, aucun passage ne peut être oublié sous peine d'y revenir quand l'entourloupe est découverte.
Tous ces moments, en temps normal, on les aurait un peu partagé avec elle, mais elle les aurait surtout vécu à la crèche. Cette période me rappelle mes quelques mois passés en congé parental. La voir tous les jours faire de nouvelles découvertes, de nouveaux progrès, c'est fantastique. Ces moments permettent aussi de finir la journée en se disant que oui, de belles choses se sont passées aujourd'hui, malgré le comportement consternant et quotidien du gouvernement (qui me donnerait presque envie d'ouvrir un "Journal de cons" dédié si j'en avais le temps).
Pour ce billet dédié à ma progéniture, une de mes chansons préférées pour enfant (ce style de musique a bien évolué depuis Chantal Goya...)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire