lundi 13 avril 2020

Confinement

Tout commença il y a un mois et un jour, le 12 mars 2020... Non tout commença bien plus tôt et bien plus loin. Ou plutôt tout commença il y a un peu moins d'un mois, le 15 mars 2020.
Le 15 mars au soir, alors que j'avais tenu avec de la joie, une certaine fierté et beaucoup d'enthousiasme mon traditionnel bureau de vote, j'ai reçu ce mail des directeurs de ma boîte annonçant le télétravail pour tous suite au passage au stade 3 de l'épidémie de COVID-19. Ça tombait bien, étant toujours un peu fatigué après une journée d'environ 17 heures d'opération électorale, je pourrais dormir un peu plus longtemps au lieu de foncer tête baissée et mal réveillée dans le RER. Le vendredi, j'avais fait une répétition générale de ce télétravail, seul dans mon appartement, le restaurant en bas de chez moi ouvert. Cette répétition se déroulait à merveille, j'ignorais alors que ce n'était pas une répétition des jours futurs mais un adieu momentanée à ma vie d'avant.

Ce dimanche 15 mars est le point de bascule. Une partie non négligeable des Français refusaient de se déplacer pour voter, de peur d'attraper cet effrayant COVID dans le confinement de l'isoloir. Une autre partie non négligeable refusaient de voir la catastrophe venir et revendiquaient haut et fort son droit à profiter de la vie, des terrasses de café, des parcs et du contact avec ses amis.
La veille je sortais avec femme (que l'on nommera "Docteure" pour le reste de l'aventure) et enfant de deux ans et quelques mois (que l'on nommera "Grande Fille" pour le reste de l'aventure), le lendemain on découvrait notre nouvel horizon: un appartement parisien de 55 m² et une cour de taille indéfinie que j'estime à 10 m² environ.

Le confinement m'a déjà mis sous les yeux quelques évidences :
  • ne pas remettre au lendemain (surtout quand ça fait plus d'un mois que tu te dis qu'il faudrait aller chez le coiffeur), 
  • profiter des petits moments de bonheur qui peuvent apparaître au détour d'une bêtise de Grande Fille ou d'un repas de Pâques avec gigot de 7 heures et Morgon
  • savoir s'octroyer un peu de temps à soi (surtout quand on n'a plus le sacro-saint trajet en RER pour lire au calme).
Moins évident, le confinement n'a pas la même représentation partout.
Dans les moteurs de recherche d'images Bing et Qwant, il reste intimement lié au monde carcéral, à la solitude et aux espaces plus que restreints. Pour Google Image le confinement se représentent par de rares piétons masqués et par des gens à leur fenêtre, le confinement ne prenant son sens que confronté à l'extérieur non confiné.
Le confinement n'est pas non plus vécu partout de la même façon. Au calme dans mon canapé, je pense aux personnes seules et/ou malade, car les autres maladies ne prennent pas de repos pendant ce temps là, ces personnes qui se retrouvent avec encore moins de visite qu'avant la bascule. Je pense aux personnes qui ont besoin des autres pour vivre et survivre, aux SDF, aux réfugiés, aux personnes presque sans revenu et qui depuis un mois doivent vivre ce moment comme un moment de lutte de tous les instants, encore plus intense qu'avant. Je pense à tous ceux qu'on oblige à sortir travailler alors qu'à longueur de temps les médias répètent ce credo #RestezALaMaison, la peur de tomber malade, la peur de contaminer sa famille.

Ce journal de con a pour but de traiter de ce nouveau quotidien, de mes réflexions sur le monde d'avant et celui d'après (je n'oublie pas qu'il y a quelques temps qui me semble une éternité, je pensais donc j'écrivais). Au début de ce confinement, je me suis dis "Chouette je vais de nouveau écrire !", mais écrire sur quoi quand ce virus occupe presque tout mon fil Twitter, presque toutes les pages des journaux et presque toutes les minutes d'antenne des chaines d'information en continue ? Écrire sur ce presque, ce petit espace d'autre chose disponible. Ce journal a-t-il une durée de vie limitée ? Est-ce un sas avant un retour vers ma première adresse ? J'ai attendu un mois avant de me relancer dans l'écriture, je peux encore attendre avant de chercher une réponse à ces questions.

Pour fêter ce retour une petite chanson :

1 commentaire:

  1. Bonsoir Cyril, j'ai lu tes nouvelles chroniques avec plaisir. Bises à toi ainsi qu' à la Docteure et à la Grande Fille ;)

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